JOURNEE MONDIALE DE L'EAU - Rencontre et discussion à la Galerie municipale Jean-Collet

La rencontre consistera en trois interventions d’une vingtaine minutes chacune, réalisées par Isabelle Backouche, Marine Calmet et Yan Tomaszewski, avec pour modérateur le directeur artistique de la Galerie municipale Jean-Collet, Daniel Purroy. Ces prises de paroles seront suivies d’un moment d’échange ouvert à tous·tes.

Yan Tomaszeski reviendra sur son projet Sequana, un projet évolutif initié en 2020 autour de la Seine. Dans le cadre de l’exposition La construction du Champ #5 L’Atelier de l’eau, l’artiste a réalisé une série de sculptures inspirée des ex-votos retrouvés aux sources de la Seine. Conservés dans la glaise depuis plus de 2000 ans, ils témoignent du culte que les Celtes portaient à la Seine, alors appelée du nom de la déesse Sequana, vénérée en tant que source guérisseuse. Carbonisées, les sculptures de Yan Tomaszewski ont été transformées en charbon actif et seront ensuite immergées dans le fleuve durant quelques semaines, comme un acte symbolique de purification du fleuve. À leur sortie, elles seront remises à une équipe scientifique qui analysera les toxines polluantes qui auront été absorbées par le charbon actif. Ce dernier n’est pas sans évoquer le passé industriel de la ville, dont la Seine a permis d’acheminer le bois. Comme une sorte de remerciement, l’œuvre de Yan Tomaszewski offre au fleuve une forme de compensation pour ses années de labeur, en voulant prendre soin de lui.

Marine Calmet est activiste et juriste spécialisée dans le droit de l'environnement et des peuples autochtones. Elle a notamment écrit la préface du livre de Christopher Stone, Les arbres doivent-ils pouvoir plaider, (ed. Le passager clandestin, 2022) défendant l’idée de conférer à la nature le droit de se défendre en justice par l’intermédiaire de représentants. Elle préside Wild Legal, une association qui s’est donné pour mission d’être une école et un incubateur pour les prochains procès en défense des droits de la nature. Le Programme Wild Legal et Rivières Sauvages mènent campagne pour le droit des rivières à être dotées de la personnalité juridique et reconnues titulaires de droits propres. Dans la même optique, Marine Calmet et Yan Tomaszewski ont monté conjointement le collectif citoyen des Gardiens et Gardiennes de la Seine, travaillant à l’attribution d’une personnalité juridique pour ce fleuve. Invitée dans la cadre de la journée mondiale de l’eau, Marine Calmet témoignera également de ses expériences menées en Guyane auprès des populations Wayana du Haut Maroni, dont elle s’attache à protéger les productions comme patrimoine immatériel. Celles-ci témoignent d’un lien spirituel fort au fleuve Maroni, avec notamment des œuvres en bois carbonisées qui réalisent une véritable cosmogonie autour de cette entité fluviale.

Isabelle Backouche, historienne et directrice d’études à l’EHESS, est invitée à présenter son travail autour de l’histoire des transformations du fleuve et des différentes perceptions dont il a fait l’objet. En 1995, elle réalise une thèse sur Paris et la Seine, rééditée augmentée d’une nouvelle préface en 2016, nommée La trace du fleuve. La Seine et Paris (1750-1850), (Paris, EHESS). Ce livre met en lumière la manière dont le fleuve est devenu peu à peu « étranger à la capitale », au gré des transformations industrielles et modernes qui ont donné la priorité à la navigation au détriment des usages des habitants. En effet, les liens qui unissaient les populations alentours se sont altérées, pour laisser place à une relation distanciée, voire parfois méfiante envers le fleuve.

La discussion collective qui suivra ces interventions reviendra sur les différentes perceptions dont a fait l’objet le fleuve et sur les différentes relations qu’il est possible d’entretenir avec lui, tant dans son acceptation urbaine qu’historique, sociale, juridique, artistique et symbolique.