CAROLE MOUSSET et SORAYA RHOFIR

Chaque année, la Galerie municipale Jean-Collet organise simultanément l’exposition de la sélection du Prix de Peinture avec les deux lauréat·es de l'année précédente.

Cette année, les travaux de Carole Mousset et de Soraya Rhofir entrent en discussion au deuxième étage du centre d’art. Elles composent ensemble un dialogue pictural saisissant entre peinture introspective et charnelle pour l’une, peinture aux déploiements sculpturaux et populaires pour l’autre. Henri Guette et Luce Cocquerelle-Giorgi, membres de Jeunes Critiques d’Art, ont signé chacun·e un texte sur leur pratique respective.

"C’est un œil qui nous fait face, énorme et monstrueux. Il est peut-être humain, ou peut-être pas. Toute la série des Chairs Regardantes s’organise et se recompose autour de cet organe, point d’entrée dans la toile qui anéantit toute recherche d’espace ou de profondeur. Carole Mousset joue avec la pulsion scopique qui de l’étal du boucher à La Raie de Chardin fait marquer l’arrêt. Même vitreux, l'œil interpelle le regard avant que celui-ci ne circule dans la toile, suivant les plis de la chair explosés, des muqueuses à vif. Les tonalités de roses et de violacées exaltent une sensualité des limites, quand le rouge ne nous met pas sur la piste du gore. La manière qu’a l’artiste de poser son cadre est à cet égard symptomatique : s’il montre les organes, il ne montre pas le corps, ou alors un corps abstrait, fragmenté. L’artiste part d’images existantes, photographies d’animaux morts, de corps ouverts dans lesquels elle cherche des gros plans. Il n’est pas anodin que ce processus ait quelque chose à voir avec la fétichisation. C’est la limite entre l’eros et thanatos qu'explore l’artiste, à la manière d’un Cronenberg dans Les crimes du futur ou Existenz".

Extrait du texte d'Henri Guette

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"À travers ses collages, qui mêlent différentes textures et matériaux, Soraya Rhofir nous invite à gratter à la surface de ce qui nous est usuellement montré. Avec une colère sourde, elle nous incite ainsi à nous interroger sur les effets que produisent sur nous les images et en quoi elles modèlent nos perceptions. En détournant leur circulation habituelle, l’artiste permet aux représentations d’échapper à une seule et unique interprétation. Soraya Rhofir créé une brèche dans le réel : elle le double d’une trame, qui laisse apercevoir, au creux de ses oeuvres, des strates invisibles et des adresses cachées".

Extrait du texte de Luce Cocquerelle-Giorgi